Cela arrive à de nombreuses personnes au long de leur vie professionnelle : rédiger une lettre de démission. Les raisons qui poussent un salarié vers la démission sont diverses et variées. Cela peut-être la volonté de rejoindre une autre entreprise pour un nouveau défi, cela peut-être une ambiance de travail délétère, cela peut-être une divergence de point de vue sur l’évolution de l’entreprise, cela peut avoir trait à un conflit interpersonnel, etc.
Deux choses sont primordiales lorsque l’on démissionne de son poste : poser les conditions légales de sa démission et préparer son départ de manière à ne pas laisser une désagréable dernière impressions. En effet, les collègues d’aujourd’hui peuvent être les clients de demain.
Quelles mentions légales indiquer dans la lettre de démission ?
La première chose à savoir est que la lettre de démission n’est pas obligatoire légalement pour démissionner de son CDI. En effet, vous avez simplement une obligation d’informer votre employeur de manière « claire et précise » de votre volonté de démissionner. Pour cela, un simple mail, une simple note, un simple coup de téléphone, une simple discussion à la machine à café avec votre patron est suffisante en théorie. Dans les faits, certaines conventions collectives contraignent davantage le cadre légal de la démission.
En revanche, même si elle n’est pas obligatoire légalement, la lettre de démission est fortement recommandée, pour des raisons de preuve essentiellement. En effet, la date de notification de votre lettre de démission marquera le début de votre période de préavis et par conséquent définira la date exacte de votre départ de l’entreprise.
Mais alors, que faut-il indiquer dans la lettre de démission ? Finalement, rien d’obligatoire, si ce n’est d’exprimer votre volonté claire et précise de démissionner. En effet, s’il est possible de démissionner sans recourir à ce courrier, il n’y a donc pas d’éléments indispensables à y intégrer.
Cependant, certaines mentions sont particulièrement importantes. Notamment des mentions sur le traitement du préavis, qui est le dernier point à discuter et négocier avec votre employeur. Il existe trois manières différentes de gérer la période de préavis :
- L’exécution du préavis : vous restez salarié et à votre poste de travail pendant toute la durée du préavis, votre situation ne change pas pendant cette période. Cela permet notamment à votre employeur de trouver votre remplaçant, de réaliser une passation de dossiers entre vous et votre successeur, de vous permettre de finir certains projets qui restaient en suspens.
- La dispense de préavis à la demande du salarié : Vous pouvez demander à votre employeur de vous dispenser d’exécuter votre préavis. Cela vous permet notamment de commencer plus tôt votre nouvel emploi chez un nouvel employeur. En revanche, vous n’êtes pas rémunéré pour ce préavis non-exécuté. Si votre employeur refuse cette dispense et que vous ne venez pas travailler malgré tout, vous devrez lui payer des dommages et intérêts.
- La dispense de préavis à la demande de l’employeur : Dans le cadre d’une démission, ce cas est plus rare mais peut exister. Pour l’employeur, cela permet de couper immédiatement l’accès à des données confidentielles, internes, notamment en cas de départ pour la concurrence. Dans ce cas de figure, cette dispense de préavis fait l’objet d’une indemnité compensatrice qui vous est versée par votre employeur.
Si vous souhaitez être dispensé de préavis, c’est dans la lettre de démission que vous devrez le formaliser. Cela ne vous empêche pas de négocier ce point en amont, mais le formaliser permet de garder une trace et donc une preuve de cette demande.
Si vous souhaitez exécuter votre préavis, c’est également une bonne manière de rappeler les dates correspondantes au début et à la fin de ce préavis, et donc de rappeler la date à laquelle vous ne serez plus un salarié de la société. Cela permet de fixer le cadre temporel de votre démission auprès de votre employeur.
En aucun cas vous n’avez l’obligation de détailler dans ce courrier les raisons qui vous poussent à quitter votre poste. Une démission n’a pas besoin de motivation juridique pour être valide. Si vous souhaitez détailler les raisons de ce départ, une réunion avec votre manager et / ou votre responsable ressources humaines permettra de vous exprimer plus en détails si vous le souhaitez.
Comment remettre une lettre de démission ?
Même si elle n’est pas légalement obligatoire, vous comprenez bien la nécessité de rédiger une lettre de démission en bonne et due forme. Maintenant qu’elle est rédigée, il vous faut désormais la remettre à votre employeur.
Selon les entreprises, vous devrez remettre votre lettre de démission à votre supérieur hiérarchique ou à votre Responsable Ressources Humaines. Les deux sont en effet concernés au premier chef par votre démission. Votre supérieur hiérarchique devra organiser son équipe sans vous, soit en vous remplaçant, soit en repensant son organisation d’équipe et la priorisation de certaines tâches. Votre Responsable Ressources Humaines devra lui gérer l’aspect administratif et salarial de votre départ, mais aussi le recrutement de votre remplaçant, qu’il soit interne ou externe. Quoiqu’il en soit ces deux acteurs seront amenés à prendre des actions à la suite de votre démission. Renseignez-vous donc au préalable auprès de votre Responsable Ressources Humaines sur le bon destinataire du courrier.
Pour la remise du courrier, il existe deux méthodes différentes :
- L’envoi d’une Lettre Recommandée avec Accusé de Réception (LRAR). Cela permet de dater précisément l’envoi et la notification, tout en vous permettant d’agir à distance (si vous n’êtes pas sur le même lieu de travail que vos interlocuteurs). Cela prend cependant un peu plus de temps car le temps entre l’envoi et la notification varie avec les délais postaux.
- La remise en main propre contre décharge. Cela vous permet de donner directement main à main votre courrier à votre interlocuteur. Il faut lui faire signer un document qui précise qu’il a bien reçu de votre main, à la date mentionnée, un courrier de votre part dont l’objet était de lui remettre votre démission. C’est cela qui apportera la preuve de la date de votre démission, notamment pour la gestion du préavis. L’avantage de cette méthode est la rapidité, puisque le préavis commence à courir dès le lendemain.
Vous l’avez vu, un courrier de démission est finalement relativement simple à rédiger, comme à remettre. En revanche, il est important lorsque l’on prend une telle décision de respecter également certaines conventions sociales et morales vis-à-vis de son employeur. Il n’est ainsi par exemple pas très agréable pour un employeur avec qui l’on a de bonnes relations d’apprendre la démission par un courrier recommandé. Il est toujours bon d’avoir un échange informel avec votre supérieur pour l’informer de votre démarche en amont.
Dans tout milieu professionnel, il est toujours bon de conserver des relations cordiales avec ses anciens patrons et collègues. Ils sont ceux qui peuvent vous recommander dans le milieu. Ils seront plus enclins à le faire si votre relation s’achève d’une manière courtoise et en bonne intelligence.
Robin Labouérie